Une chambre à soi de
Virginia Woolf (10/19, 171 pages, 1996)
Incipit:
Je sais, vous m'avez demandé de parler des femmes et du roman.
Un essai très bien écrit, fin, drôle parfois, très ironique. Mais d'un autre côté, devant le constat du patriarcat et de la mise sous le boisseau de la moitié de l'humanité, il y a de quoi. Cela dit beaucoup de notre société dite moderne. Le sexisme n'a pourtant toujours pas disparu. Le mépris des femmes non plus. Les violences conjugales encore moins, qui ont augmentées gravement en cette période de confinement. Mais c'est aussi un hymne à la création et au roman en particulier. Je lis un livre
atelier D'écriture de
Laure d'Astragal qui dit, dans son ouvrage page 55 "
../.. il est toujours plus efficace de faire comprendre les choses que de les dire". Et j'ai trouvé ce conseil, illustré, lumineux. J'ai pu constater comment
Virginia Woolf utilisait à bon escient ce qui relève de la bonne littérature. Par exemple p.39 au lieu de dire ".
./.. une chambre banale, ../.." elle écrit "
une chambre, comme des milliers d'autres, ../..". Là j'ai pris un exemple simple mais il y en a des bien plus aboutis(p. 42 avec l’aloès, ou les
huiles essentielles de la vérité). Elle utilise aussi des couleurs, évocatrices, p. 48 le noir serpent de la colère, p.50 ils ont été écrits à la lumière rouge de l'émotion et non à la lumière blanche de la vérité.
Virginia W. a une analyse fine, sociologique, de l'humanité, p. 98 qui remet en cause le génie solitaire ex nihilo, p. 103 sur la révolte (au sens Camusien ?), p. 104 sur la pauvreté source de déclassement social total (Que
Bourdieu et sa
Distinction n'a fait que confirmer, et sa remarque perfide à l'encontre de
Camus de
montrer, à l'instar de
Sartre, le mépris de classe d'un petit bourgeois), bref, p.162 que la liberté intellectuelle dépend des choses matérielles (D'où le titre de son ouvrage). Elle a d'excellentes recommandations pour écrire un roman, sur la création (p. 159). Elle est drôle, sur les "experts" qui mettent les gens dans des cases (p. 158) ou sur l'impossibilité des femmes d'écrire (p. 162). Bref, comme elle le dit si bien,
laisser la ligne de la pensée s'enfoncer profondément dans l'eau du fleuve (p. 163). Une belle lecture ...
Note : AAAAAAAA